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# Jacques Garay
RIGUEUR ET PLAISIR
Pampi Laduche. c’est un cœur, une main, une voix. Mais c’est aussi un nez. Pas un pic, un cap ni une péninsule, comme chez Cyrano. Non, un nez façon parfumeur. Pour sentir et détecter les champions. Et il a sa recette, Pampi ! Une recette qu’il livre aujourd’hui aux lecteurs d’Esku Pilota Magazine et aux pi- lotazale. Petit discours de la mé- thode.
Esku Pilota Magazine : Comment procèdes-tu pour détecter les champions de demain ? Pampi Laduche : Je vais voir les parties de jeunes pour repérer ceux qui ont des qualités. Et pour moi, la première qualité, c’est la vaillance. Et là où elle ressort, ou pas, le mieux, c’est en fronton, même si ce jeu ne me plaît pas trop. On y voit les be- sogneux, ceux qui ne rechigneront pas au boulot. Et qui pourront réussir en trinquet. Je les décèle en fronton. Quelle école magni que ! Quand tu tiens 2 h sans lâcher, c’est que tu es un gagneur, que tu as du caractère. Le fronton c’est ingrat et ça révèle celui qui est vaillant.
EPM : Disposes-tu d’un réseau organisé ?
PL : Non. Parce que j’ai peur que ça favorise le chauvinisme. Cela dit, j’écoute et je vais me rendre compte. Mais pour réussir, il faut avoir envie de tra- vailler. Ma détection se fait sur le caractère et le comportement.
EPM : Le physique a-t-il plus d’importance qu’avant ?
PL : Oui. Mais parce qu’aujourd’hui on ne peut ignorer les autres sports. On se base sur les autres sports pour travailler. On apprend toujours des autres. Pour ce qui est de la musculation, elle doit être adaptée à chaque joueur, à sa morphologie, à son jeu, à son poste. Une musculation systéma- tique et mal utilisée peut être nocive, voire dange- reuse pour le joueur. Une musculation inadaptée peut nouer certains muscles et provoquer des contre-performances : moins d’explosivité, moins de tonicité, moins de vitesse. J’ai eu des cas sem- blables où il a fallu réorienter le joueur.
EPM : Et pour ce qui est de la technique ?
PL : Aujourd’hui, les jeunes sont confrontés à d’autres sports que la pelote, même à l’école. De
mon temps, à Ascain, il n’y avait que la pelote. On vivait avec une pelote dans la main. Alors oui, peut- être qu’à la base, les jeunes d’aujourd’hui ont une technique plus faible. Mais ce n’est pas un handi- cap. Nous sommes là pour celui qui veut travailler.
EPM : Comment vois-tu les joueurs de de- main ?
PL : Un arrière devra toujours être costaud, mais sans plus. En mur à gauche, un arrière doit être costaud, grand et avoir du balan, sinon il ne réus- sit pas à haut niveau. En trinquet ce n’est pas primordial, puisque cette discipline sollicite plus la technique que la force. Quand on me signale un jeune, je me débrouille pour connaître ses pa- rents, son père et sa mère. Comme ça, j’ai une idée de son évolution physique. Ça m’est déjà ar- rivé de faire changer de poste à des jeunes. Leur physique induit le travail à leur faire faire.
EPM : Et les socios d’Esku Pilota Lagunak ? Comment vois-tu leur arrivée dans la pelote ? PL : L’idée, c’est de remettre la pelote au centre du Pays basque. Les jeunes manquaient de beaucoup de choses. Il y avait une carence au niveau du savoir, malgré le travail qui est fait dans les clubs. Et je remarque avec plaisir que des an- ciens joueurs s’impliquent dans l’encadrement. Moi, je veux rendre. Je donne et j’aime. Et main- tenant j’ai des gosses comme des bombes ! Ça a commencé avec les pansements.
Pour revenir aux socios et aux partenaires indivi- duels qui nous soutiennent, nous sommes pas- sés de 140 000 € à 400 000 € de budget. C’est énorme ! Ces partenaires sont de plus en plus nombreux, de plus en plus impliqués, et grâce à eux, le travail de fourmi qui continue se voit de plus en plus. Tout le monde travaille bien et de plus en plus aussi. Le public est revenu et il est de plus en plus nombreux. Certains sponsors partenaires se sont un peu détachés du rugby et nous font con ance. Leur nombre augmente et ce sont des entrepreneurs locaux. Que deman- der d’autre ?
EPM : Et toi, Pampi, comment vis-tu cette évolution ?
PL : Je suis à l’aise dans ce fonctionnement. Esku Pilota, ça ne fait que commencer ! À nous de faire que les bons deviennent très bons. La pelote a de beaux jours à vivre. L’émulation va grandissant. Elle déclenche l’envie et la belle ri- valité. Je les ai à ma main, tous ces gosses ! J’en pro te et je me régale. Mais attention ! Sans ri- gueur, pas de plaisir.
Zer litzateke Euskal Herria pilotarik gabe ?
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