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LE PAPA DES PELOTES
Ander Ugarte. À bientôt 52 ans, Ander Ugarte fait vivre la pelote d’une certaine ma- nière. C’est lui qui crée cette balle pas toujours évidente à maîtriser. Il aime son métier et de  l en aiguille il partage cette passion en permettant à tous les joueurs du Pays basque de pratiquer ce sport.
Originaire d’Hagurain, village situé à 30 km à l’est de Gasteiz, au Pays Basque Sud, Ander Ugarte n’était pas prédestiné au métier de fabricant de pelotes. Ayant fait des études d’électricien, il a commencé à l’âge de 23 ans à travailler pour l’entreprise de fa- brication de pelotes Punpa, à Saint-Pée-sur-Nivelle. Entreprise qu’il dirige maintenant, à bientôt 52 ans. “C’est l’ancien fabricant, Monsieur Mendiara, qui m’a demandé de travailler avec lui et j’ai accepté”. Il a donc appris le métier sur le tas car, comme il le précise, “il n’y a pas d’école pour apprendre”. Le savoir-faire se transmet de génération de fabricant en génération de fabricant. Installé à
Ascain, Ander Ugarte a fait “le tour de la Nivelle” comme il le dit en souriant. Basée à Saint-Pée-sur-Nivelle à l’ori- gine, l’entreprise a ensuite déménagé à Saint-de-Luz. “C’était trop cher”, précise le fabricant. Il a donc atterri à Ascain.
Il est le seul à exercer ce métier au
Pays Basque Nord. “Il y a des brico-
leurs qui se font aider par d’autres fa-
bricants mais ils ne sont pas équipés
et n’ont pas les connaissances”, sou-
ligne-t-il. Des connaissances tech-
niques que l’on acquiert au  l des ans.
“Fabriquer des pelotes, ça ne s’impro-
vise pas”. Ander Ugarte estime même
qu’il apprend encore aujourd’hui son
métier. En revanche, pour lui, “la for-
mation humaniste est plus importante que la forma- tion technique. Il faut avoir des qualités humaines et aimer ce que l’on fait. Si l’on n’aime pas son métier, ça n’en vaut pas la peine”.
Ancien joueur, il aime la pelote, cette culture du Pays Basque à laquelle il est très attaché. Tout comme sa langue. Bascophone et euskaltzale, il remarque que “ici, on est en train de se franciser, c’est dommage”. L’euskara, selon lui, on l’entend beaucoup moins. Même dans les trinquets. Il pense même qu’“au Pays Basque Nord, la pelote est en train de dépérir. Elle
ne tient que grâce à des passionnés comme Esku Pilota”.
En revanche, sur le plan sportif “il y a un niveau qu’il n’y avait jamais eu”, précise-t-il. Loin de lui l’idée de dire que les joueurs d’avant étaient moins bons. “Il y a un très très bon niveau, insiste-t-il. Mais ça ne veut pas dire qu’ils sont meilleurs. Ils ont des métiers moins physiques et ont plus de temps pour travailler leur jeu”. Aidés par ses cinq employés, Ander Ugarte fabrique les pelotes pour les professionnels du Pays Basque tout entier :
“Esku Pilota, Aspe, Asegarce”. Ces derniers l’invitent même souvent aux parties, auxquelles il ne peut pas toujours assister. Très sollicité, il fabrique même des pelotes qui sont expédiées à l’étranger, notam- ment en Angleterre. Il travaille pour trois modalités qui se pratiquent outre-Atlantique : le rugby  ves, le rackets et le jeu de paume.
En travaillant avec l’Angleterre, il a d’ailleurs pu appréhender leur façon de fonctionner et estime que l’on de- vrait prendre exemple sur leur mo- dèle. Explication : “en Angleterre, il y a des clubs de pelote et des per- sonnes gagnent leur vie en appre- nant aux jeunes à jouer à la pelote. Ici, on est sur un modèle latin qui re-
pose sur le bénévolat, détaille le fabricant. L’esprit du bénévolat est magni que. Il faudrait trouver un équilibre entre bénévolat et professionnalisme si- non la pelote risque de souffrir”.
Ander Ugarte parle de pelote avec passion. Tout comme il aime son pays, il aime sa culture, dont fait partie la pelote qu’il voit comme un pilier de la vie culturelle. Pour lui, la pelote, c’est sa vie pro- fessionnelle. Et de sa vie personnelle, il ne révèlera rien de plus. Très discret, Ander Ugarte préfère bu- ter en touche.
# Charlotte Dalmont
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